Suite à l’allocution du Président de la République annonçant la prolongation de la durée du confinement, une interrogation nous taraude : « face à autant d’incertitudes, comment tenir dans le temps ? ». Pour éviter que la crise sanitaire se transforme en syndrome collectif d’impuissance, il est possible de maîtriser un cadre d’actions qui permettrait à court terme de recouvrer une capacité morale à reprendre le dessus. Pour cela, un ensemble de facteurs peut être réuni afin d’évoluer dans un quotidien plus efficace et moins anxiogène.
1/ Premier conseil : se débarrasser au plus vite d’un réflexe consistant à aller chercher en permanence de l’information sur l’évolution de la pandémie en consultant son smartphone au réveil ou en allant sur les chaines d’actualité plus de trois fois par jour. Les adeptes du « Fear of Missing Out » cultivent ainsi leur anxiété et s’exposent à une dépendance numérique ;
2/ Continuer à travailler « réellement », même si cela interroge le sens de l’action car personne ne sait aujourd’hui comment va se terminer cette crise. Travailler c’est agir et agir est le meilleur antidote contre l’angoisse véhiculée par l’idée de mort à laquelle nous sommes surexposés aujourd’hui ;
3/ Prendre des instants de solitude parce qu’en famille et au travail, vous êtes actuellement en sur-sollicitation relationnelle et cela est aussi une cause d’épuisement psychique. La culture occidentale n’éduque malheureusement pas à la solitude. C’est pourtant la première source de régénération avant toute forme de sport ou d’exercice de méditation ;
4/ Respecter des horaires classiques de travail. Ne sur-investissez pas votre travail. Le moment que nous traversons est ontologique et concerne toute l’humanité. Vaincre les difficultés qui nous environnent ne dépend pas de nous en tant qu’entreprise ou équipe. Elles nous dépassent largement et il faut savoir faire preuve d’humilité ;
5/ Faire des coupures et ne pas hésiter à déconnecter tous ses canaux de communication. La charge mentale en télétravail ou lorsque l’on travaille en présentiel dans un contexte de crise sanitaire est plus intense : sentiment d’urgence, pression temporelle, nouveaux apprentissages saturent nos capacités cognitives ;
6/ Planifier à l’avance les interactions professionnelles en binôme, les réunions, les rendez-vous téléphoniques pour respecter les temporalités de chacun. Soyez économes en mails et acceptez qu’il ne soit pas possible d’avoir réponse à tout. Le lâcher prise est important car nous ne sommes pas dans des conditions normales de travail ;
7/ Enfin, soyez doux avec vous-même et vos proches, collègues ou membres de votre famille. Ne vous sentez pas coupables de quoi que ce soit. C’est l’occasion de prendre le temps de se poser de bonnes questions en lisant ou en revoyant de bons films. Sur le contexte actuel, mon conseil cinéphile serait de voir « L’insoumise » de William Wyler, film de 1938 avec Bette Davis et Henry Fonda qui raconte en pleine épidémie de fièvre jaune comment New Orléans et le Sud sécessionniste vivent leurs dernières heures de gloire. Une aristocratie ancrée dans de trop anciennes traditions ne voit pas venir le vent du changement. Tout y est : les gestes barrière, le confinement des malades, la paranoïa ambiante et les héros de la première ligne. Si la littérature vous intéresse, je vous conseille « Le mur invisible » de Marlen Haushofer, publié en 1963 ; il s’agit du journal de bord d’une femme confrontée à une épidémie planétaire et qui se retrouve seule dans un chalet en plaine forêt autrichienne. Enfin, « Dans la forêt » de Jean Hegland, décrit un contexte contemporain de pandémie où des enfants devront survivre seuls en apprenant à vivre et à grandir autrement.